Les organismes de surveillance du secteur financier doivent utiliser leur pouvoir pour mettre en place des garde-fous afin de freiner les banquiers et investisseurs irresponsables avant que la crise climatique ne devienne incontrôlable et ne cause davantage de destruction et de dommages à travers le monde.
Nos revendications
Fin à la finance fossile
Nous demandons que le soutien financier aux combustibles fossiles soit supprimé immédiatement. Pour le bien de l’humanité, de la nature, du climat et de la stabilité financière, les régulateurs financiers et les banques centrales doivent faire en sorte que l’ensemble du secteur financier se détourne de l’industrie des combustibles fossiles, qui est à la fois destructrice et risquée. Il s’agit d’une responsabilité envers les générations passées, présentes et futures. Plus concrètement, nous demandons les réformes financières concrètes suivantes, qui représentent les premières étapes pratiques dans la direction nécessaire :
a) Application de la règle prudentielle “un pour un” pour tout financement de l’industrie fossile. C’est-à-dire un cadre réglementaire qui exige que les banques et les compagnies d’assurance garantissent 100 % avec leurs propres ressources (capital) tout financement qu’elles accordent aux entreprises et aux projets de combustibles fossiles, étant donné le risque inacceptable encouru (impliquant la déforestation ou la dégradation de l’écosystème). Application d’un volant de sécurité dédié pour le risque systémique, afin de refléter la dimension systémique du changement climatique, qui affectera les entreprises et les institutions financières dans l’ensemble de l’économie et dans toutes les régions du monde.
b) Révision du seuil de grande exposition, et de la pondération des risques de crédit pour les expositions soumises à des risques de transition élevés au-delà du secteur des combustibles fossiles.
c) Prise en compte des risques liés à la biodiversité dans les règlements existants pour les institutions financières.
Le CSF devrait prendre en compte le changement climatique, la dégradation de l’environnement et la perte de biodiversité dans une perspective plus large concernant la stabilité financière, au-delà des secteurs de la banque et de l’assurance. Le principe de la double matérialité devrait être au coeur de ces considérations : d’une part, les institutions financières sont confrontées à des risques financiers en raison de leur dépendance à l’égard du climat et de la nature ; d’autre part, Ils facilitent les activités destructrices du climat et de la nature, qui augmentent les risques pour la planète et ces institutions elles-mêmes. Les organismes internationaux de normalisation – le CBCB et l’AICA – devraient revoir leurs règles et mettre en oeuvre les mesures nécessaires, comme indiqué ci-dessus.
a) Le CSF, le CBCB et l’AICA doivent être amenés à confirmer un calendrier accéléré des résultats attendus et à annoncer des feuilles de route pour ce nouvel agenda.
Droits des peuples autochtones
Nous demandons la reconnaissance cruciale des droits fondamentaux des communautés indigènes et traditionnelles, ainsi que le respect de leurs modes de vie et de leurs systèmes de connaissance. Entre autres, les institutions financières doivent respecter le droit de ces dernières à un consentement libre, préalable et informé (CLPI) et à une consultation préalable contraignante en ce qui concerne les projets susceptibles d’affecter leurs territoires ou leurs modes de vie. Une attention particulière sera également accordée au Droit de Dire Non, qui renforce le droit fondamental des communautés en général, qu’elles soient autochtones ou non, de rejeter des propositions, si les résultats des négociations ne sont pas satisfaisants. Ce concept crucial amplifie les voix des communautés et exige des entreprises qu’elles valorisent la sagesse indigène et le droit coutumier. Nous concevons donc le droit de dire non comme un outil en faveur de l’autodétermination et de l’autogouvernance, permettant aux communautés de façonner leur propre modèle de croissance grâce à des approches locales et à des législations locales.
Droits de l’homme et de l’environnement
Nous devons imposer que les droits de l’homme et de l’environnement prévalent sur les profits des entreprises. Les entreprises et les institutions financières doivent être réglementées au niveau national et international en vertu des droits de l’homme et du droit de l’environnement, et être tenues légalement responsables de toute violation de la santé, de la vie, de l’eau et de l’autodétermination des peuples – des droits de l’homme fondamentaux qui sont systématiquement menacés par les industries extractives. Cela signifie qu’aucun soutien financier ne devrait être autorisé pour soutenir des activités qui conduisent à la déforestation et à la destruction d’écosystèmes critiques tels que les mers, les zones humides, les forêts tropicales et la cryosphère. Les projets ne peuvent et ne doivent pas détruire ou briser les cycles de régénération naturelle des écosystèmes, détruisant ainsi leur résilience et leur capacité à donner la vie.
Annuler une dette injuste
Le Sud Global “doit” des milliards de dollars de dettes et, en même temps, possède des milliards de dollars de combustibles fossiles qu’il est forcé d’extraire pour la payer. Cette dette a été contractée par la dictature et la corruption des transnationales, imposées par l’agenda néocolonial du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et du G7. Elle est donc illégitime et doit être annulée. Parce qu’elle empêche les pays de développer des politiques publiques en faveur de leurs populations. Annuler la dette du Sud, c’est lui garantir un espace politique et économique pour développer des politiques de protection de modes de vie différents, centrés sur la reproduction de la vie, des communautés et des écosystèmes. Annuler cette dette, c’est créer la possibilité d’une transition énergétique juste et autodéterminée. C’est retrouver la capacité d’investir au lieu de se voir imposer les impacts d’investissements venus d’ailleurs.
Décoloniser la finance mondiale
Nous demandons à toutes les grandes institutions financières de décoloniser la finance mondiale. Leur fonction doit être fondamentalement transformée pour répondre aux besoins des pays du Sud et des générations à venir. Les pièges actuels de la dette associés au développement et à l’aide en cas de catastrophe, les systèmes injustes de notation du crédit, le contrôle exercé par le Nord sur l’attribution des droits de vote et de l’attribution des réserves du Fonds monétaire international (FMI), l’ajustement structurel et les mesures d’austérité, entre autres politiques, sont tous des éléments qui soutiennent les pratiques coloniales. Il est essentiel de promouvoir une représentation équitable des nations du Sud et de leurs banques centrales dans les espaces de prise de décision financière et dans l’établissement des normes mondiales.